Chap 5 : Trou Noir

L’orage éclata dehors, le chat courut se cacher sous le canapé et le courant fut coupé. J’allai à la fenêtre, les éclairs craquaient partout dans le ciel pourpre, et puis mon esprit devint tout noir, je me sentis tomber par terre. L’air était plus chaud autours de moi, j’essayais d’ouvrir mes yeux mais j’étais terrifiée de regarder autours de moi. Sous mes doigts, une moquette ou un tapis duveteux et qui sentait bon… mais nous n’avions jamais eu de moquette à la maison et maman ne portait pas ce genre de parfum qui tenait aux tissus d’ameublement. J’ouvris les yeux et je vis une chambre en tout point semblable à la mienne sauf que je n’y avais jamais habité ! Je me mis sur pieds et scrutais autours de moi sans comprendre, quel était ce lieu ? Instinctivement j’allais à la fenêtre, ici aussi c’était le soir mais la vue était vraiment différente et… incroyable. Je sentis un courant glacé me parcourir alors que je regardais le sud de l’ile de Manhattan à mes pieds et la Statue de la Liberté dans la baie. «Qui est là ?» Je me retournai et vis sur le pas de la porte une jeune fille qui me ressemblait beaucoup tout en étant différente, comme un miroir mais avec des différences subtiles. «Qui êtes vous ?» Son accent américain était authentique et pourtant je pouvais y entendre une légère inflexion française. Je déglutis une fois puis encore une fois. «Je suis perdue, je ne comprends pas où je suis, je m’appelle…» Ma langue se charge, ma tête tourne puis, une fois de plus, je tombe dans un trou noir sans fin. Cette fois-ci, le sol est métallique et froid sous mes doigts, j’ouvre les yeux difficilement et un visage se forme au-dessus de moi. Un homme à moustache et favoris d’un autre temps. Je saisis sa main tendue et je me remets sur pieds. « Bien, te voilà enfin ! Je commençais à me demander quand tu arriverais. » « Quel est cet endroit et comment me connaissez-vous ? » Sans mot dire, il m’indiqua derrière lui, une sorte de fenêtre d’une forme particulière, titubant de mes deux malaises, j’allais regarder… Au-dessus de moi, sur la droite, un bras de métal s’élevait dans le ciel avec au bout une tache de lumière. Je reculais, la bouche ouverte, je me frottai les yeux, mon cerveau avait dû être ébranlé plus que je ne le croyais. « Enfin t’y voilà… là où tes rêves t’emmenaient plus jeune, mais maintenant, c’est pour de vrai. Viens je vais te montrer …» « Mais qui êtes-vous? Que m’arrive-t-il ? Qu’attendez-vous de moi ? » « Tu es bonne pour poser des questions, comme ta maman qui faisait les questions et les réponses, ton père par contre m’a gentiment expliqué qui j’étais, mon CV en fait…Mais toi, seras-tu assez patiente pour m’écouter jusqu’à la fin ? » La colère me gagna, je me pinçais le bras pour me réveiller de ce cauchemar sans nom, mais je restais là avec ce vieux dingue dans cet endroit qui me rappelait quelque chose. « Ca va mieux maintenant ? Tu es prête à m’écouter ou bien faut-il que tu regardes encore par la fenêtre ? » Le jour se levait déjà autours de nous, et des zeppelins tournoyaient autours de notre refuge. La vue était magnifique sur la baie d’Hudson et l’île de Manhattan surgissait comme un bateau fantôme de la brume matinale… « Ce n’est pas possible ! Ce sont les Tours Jumelles ! Elles n’existent plus ! » « Ah bon ? Et pourtant tu les vois devant tes yeux, serais-tu folle ? Ou bien accepterais-tu de voir autrement ce que tu connais déjà… » Sur ces mots, il se dirigea vers un établi qui n’existait pas quand je suis arrivée. Il pris un minuscule maillet et le frappa contre une cloche de bronze, la réplique miniature exacte de la Cloche de la Liberté de Philadelphie. Toulouse me léchait la figure à la façon qu’il a de laper son lait. Mes yeux étaient douloureux, j’avais une impression de gueule de bois et la paume de mes mains étaient sales, des traces de limaille qui brillaient à la lumière de l’abat-jour du salon. Je me pinçai une fois encore le bras. Aïe !

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