D’un geste discret, elle sortit de sa poche un objet brillant mais qui resta caché dans la paume de sa main. Amélie, Laurie et la salle disparurent d’un seul coup, comme soufflés par un vent invisible. Assise sur un banc devant la statue du Jardin du Luxembourg, Rose me regardait toujours. Elle me désigna la statue de sa main et tout en silence, elle saisit le livre que j’avais amené dans mon sac ce matin. Je voulais lui poser tant de questions, mais elle ne semblait pas intéressée par ma présence à présent, juste par ce livre. Alors que je lisais le texte sur le pupitre de la statue, elle m’appela doucement. En me retournant vers elle, je fus saisie pour la première fois par son âge. Elle semblait si âgée maintenant, puis soudain comme par enchantement, elle disparut, laissant à sa place une pièce de monnaie en cuivre sur laquelle on pouvait lire 125ème Anniversaire de la Statue de la Liberté. Je pris la pièce et la fourra dans ma poche, ramassai le livre et le remis dans mon sac sans me préoccuper de la page où il avait été laissé ouvert. A la sortie du jardin, je me mis en route vers la bouche de métro pour rentrer chez moi et revoir tous les évènements de la journée. Je n’osais pas sortir le livre avant de rentrer, je regardais autours de moi, les stations défiler à vive allure jusqu’à la collision. L’instant d’avant j’arrivais à Saint-Paul, le moment suivant je me retrouvais à la station World Trade Center. Les portes s’ouvrirent et je sortis sur le quai dans un état second. Il faisait chaud, cette chaleur lourde commune au mois d’Août à New York, et j’étais habillée pour un début d’hiver à Paris. La foule sur le quai ne faisait pas attention à mon étrangeté, elle continuait à aller et venir autours. Je m’avançais vers la sortie par escalier roulant, j’était soudainement prête à découvrir ce qui se passait dans ce rêve à dormir debout dans lequel j’étais plongée malgré moi. A la surface, j’entrais dans le centre commercial au pied des Tours Jumelles qui existaient malgré leur disparition, et pourtant la date sur le journal trainant sur le banc indiquait l’année 2012…